Québec, encore.
English translation will follow shortly (in the comments). I felt it important to write in French after being back in Quebec for a week…
Et les Montréalais ne vois rien de mal à leur perspective «orthodoxe est le seul judaïsme nous [ne] pratiquons [pas]»? Ceux qui me connaissent ont déjà entendu mon discours contre la communauté juive de Montréal. Les options sont orthodoxes, orthodoxes, ou conservadoxes. Oui, il y a une synagogue réforme classique à Westmount. Et, oui, il y a une synagogue reconstructioniste à Côte-St-Luc. Mais pour un homme shomer Shabbos vivant sur le côté est, ces deux options ne sont pas viables. Selon les statistiques, je les appris par coeur dans un cours universitaire, Montréal est la seule ville en Amérique du Nord ayant plus orthodoxe que conservateurs et réformateurs juifs (c’est-à-dire, il y a très peu de Juifs qui s’identifient réformateurs ou conservateurs, même ceux qui mangent leurs hamburgers avec fromage). Il s’agit d’une ville où le discours d’ouverture sur les premières pages de l’annuaire des entreprises juives a commencé par une blague contre les réformateurs – et personne n’a jugé inapproprié.
Donc, il je ne suis pas étonné quand je vois que les effets de la fermeture et l’insularité de la communauté orthodoxe ont fait des ravages sur la société québécoise.
Un sondage national mené à la suite de la commission sur les «accommodements raisonnables» révèle une disparité frappante entre les attitudes Québécois à l’égard des Juifs et celles des autres Canadiens. Le sondage commandé par l’Association d’études canadiennes (AEC) et effectué par Léger Marketing entre le 31 Janvier et 4 février a demandé à 1500 Canadiens s’ils étaient en accord avec, en désaccord avec, ou ne savaient pas/n’ont pas d’opinion sur une série de déclarations concernant les juifs et l’antisémitisme. Selon les résultats du sondage, 41% des Québécois étaient en accord, tandis qu’un autre 41% étaient en désaccord avec l’idée que «les Juifs veulent imposer leurs coutumes et leurs traditions aux autres». Par contre, face à cette même idée, le reste du Canada étaient en accord à 11%, et en désaccord à 74%. La moyenne nationale était de 19% d’accord et 64% en désaccord.
Quant à une autre déclaration – «les Juifs veulent participer pleinement à la société» – 41% des Québécois étaient en désaccord, et 31% étaient en accord, à comparer au reste du Canada qui a répondu en désaccord à 8% et en accord à 72%. La moyenne nationale était de 16% en désaccord et 63% en accord.
À l’idée «les juifs ont apporté une importante contribution à la société», 35% des Québécois étaient en désaccord et 41% étaient en accord, tandis qu’au reste du Canada 10% étaient en désaccord et 74% étaient en accord. La moyenne canadienne était de 16% en désaccord et 65% en accord. [citation.]
Ne vous méprenez pas: je suis attristé que, en l’an 2008, à la société civilisée du monde occidental, les gens peuvent toujours penser si à l’envers. Dans le cas du Québec, je pense que la responsabilité est double et de grands changements sont nécessaires.
Je pense que ces problèmes sont le résultat d’une province traditionnellement catholique, avec l’Église au centre – les écoles publiques étaient (et sont encore, sans doute) gérés par les conseils scolaires français catholiques. Mes parents, qui ont grandi tous les deux au Québec, ont de nombreuses histoires à raconter sur ce sujet. Soit de se faire battre le dimanche après-midi par les ados catholiques qui viennent aux quartiers juifs (histoire de s’amuser après la messe), soit de se faire taquiner et se faire demander de «montrer leurs cornes», où bien d’être obligés de rester dans les couloirs pendant les prières se faisaient à l’école. Même à mon quartier de l’est, moi aussi, j’était affronté à antisémitisme qui m’a stupéfié – je me suis fait aussi demander de «montrer mes cornes» et me fait appeler les noms racistes. Le résultat de cette histoire de tourments et d’ignorance continuelle, c’est que la population juive vit dans les communautés insulaires exclusives dans les quartiers spécifiques. Je suis sûr que cela crée, d’un certain degré, la protection contre la haine, mais elle crée aussi des problèmes. Les Québécois n’ont donc pas l’occasion de fréquenter les Juifs, d’apprendre à connaître les Juifs comme leurs voisins, et de témoigner qu’il n’y a rien de bizarre ou de sinistre en cours. (Cette situation est à comparer avec celle au reste du Canada où les Juifs vivent en quartiers plus mitigés et intégrés. Ces quartiers juifs au reste du Canada n’arrivent même pas d’atteindre le même taux de densité juive comme, par exemple, à Côte-St-Luc et à Hampstead (les arrondissements de Montréal), qui ont tous les deux un taux de densité de plus de 70% juive.)
Comment pouvons-nous s’avancer? La province devrait réexaminer le système scolaire qui ne semble pas parvenir à créer un environnement ouvert, divers, et qui comprend toute la société. Les hommes politiques doivent se résister au Parti Québécois et demander que ces idées xénophobes et racistes soient rejetées (le province de Québec est, et doit être, pour biens d’autres que les «québécois»; dont les anglophones Québécois, les immigrants et d’autres Canadiens, qui viennent y habiter. Tous ces groupes devraient être traités de façon égale). De cette façon, la notion d’«accommodements raisonnables» et ses débats seront une chose du passé, et le Québec cessera de tacher une nation autrement avant-gardiste.
Mais je pense également que la responsabilité revient à la communauté juive de tendre la main et de contribuer à l’instruction. La première fois que j’ai rencontré antisémitisme à Montréal je marchais vers le côté ouest, vers le shul le jour du Yom Kippour, il y a quelques années. Par coïncidence, un membre du Congrès juif canadien a donné une conférence sur l’antisémitisme entre les services du matin et l’après-midi. Il a remarqué comment les Juifs de Montréal sont mis à part. «Vous rappelez-vous la dernière fois que vous êtes allé jusqu’à la rue St-Laurent?» At-il demandé, «Ou bien la rue St-Denis!?» Son point de vue était que la communauté juive avait besoin d’assumer des responsabilités à «construire des ponts». Comme les Juifs ne se mélangent pas avec les Québécois, beaucoup de Québécois propagent l’antisémitisme purement parce qu’ils n’ont jamais rencontré un Juif. J’ai cité mes expériences avec l’antisémitisme au cours de la période de questions. Quand j’ai dit que j’habite à l’est de la rue St-Denis (le côté français de la ville), je me suis fait dire que devais déménager et que je n’aurais pas à faire face à la haine dans les quartiers juifs. Les ghettos juifs ne sont pas la solution, ils n’ont pas fonctionné jusqu’ici, comme vous pouvez voir, grâce aux débats sur l’accommodement raisonnable et les statistiques ci-dessus. Les juifs devraient reconnaître qu’il y a un côté est de la ville de Montréal et qu’il existe toute une province au delà de l’île de Montréal, où les gens peuvent, et doivent, passer toute leur vie sans rencontrer un Juif. Prendre des excursions avec votre famille et vos enfants vers les petites villes. Apprendre le français. Connaître mieux vos collègues de travail québécois.
Je suis fermement convaincu que les mauvaises attitudes du Québec peuvent se transformer. Néanmoins, il va falloir travailler, pardonner, et surtout éduquer chez les deux côtés afin d’améliorer les conditions de vie dans la belle Province.
And Montrealers see nothing wrong with their “Orthodox is the only Judaism we [don’t] practice” outlook? Those who know me have heard me rant about Montreal’s Jewish community before. The options are Orthodox, Orthodox, or Conservadox. Yes, there’s a classical Reform synagogue in Westmount. And, yes, there’s a Reconstructionist synagogue in Cote-St-Luc. But for a shomer Shabbos guy living on the east side, neither were viable options. According to statistics I had to memorize in a college course, Montreal is the only city in North America with more Orthodox than Conservative and Reform Jews (which is to say, there are very very few Jews who would check the Reform or Conservative boxes on surveys). Even those Jews who eat cheeseburgers would check the Orthodoxy box if surveyed. This is a city where the opening remarks on the first few pages of the Jewish business directory started with a Reform bashing joke – and no one found it inappropriate.
So it comes as no surprise to me when I see that the effects of a closed, insular, Orthodox community have taken its toll on the greater Quebec society.
Don’t get me wrong: it saddens me that, in the year 2008, in a western, civilised society, people can still harbour such backwards thoughts. But in the case of Quebec, I think the blame is two-fold and major changes are needed.
I believe this is the effect of a historically Catholic province, with the church at its centre – the public schools were (and arguably still are in the French school boards) Catholic. My parents, both of whom grew up in Quebec, have many stories to tell about being beat up on Sunday afternoons by Catholic teens who would come to the Jewish neighbourhoods for “fun” after church, of being taunted to show their horns, and of standing out in the hallways during prayer times in school. Living in the neighbourhood that I did, I too faced anti-Semitism that blew me away – I was also asked about my horns and was called names. The result of this historic and ongoing torment/ignorance is that the Jewish community lives in specific neighbourhoods, creating tight insular communities. Yes, I’m sure it creates some degree of protection from the hatred, but the flip-side is that Quebecois aren’t meeting many Jews, getting to know their “normal Jewish neighbours,” and seeing that there isn’t anything weird or sinister going on. (Compare to the rest of Canada where Jews live in more mixed, integrated neighbourhoods. And those who do live in Jewish neighbourhoods don’t come close to meeting the same Jewish density rates as, for example, Cote-St-Luc (often called “Cote-St-Jew”) and Hampstead in Montreal, which are both at or over 70% Jewish.)
How can we move forward? The province, especially the non-anglophone-Montreal province, ought to reexamine how the school system is failing to create an open, diverse, and accepting society. Politicians should stand up to the Parti Quebecois and demand that its xenophobic, racist views be squashed (Quebec is, and should be, for more than just the “quebecois;” anglophone Quebecers, immigrants from other French regions and other language regions, and Canadians from other provinces/territories all live here and should be treated as equals). Maybe then, the “reasonable accommodation” debates will be a thing of the past, and Quebec will cease to be an ignorant mark on an otherwise forward-thinking nation.
But I also think the onus also falls to the Jewish community to reach out and help educate. The first time I faced anti-Semitism in Montreal was while walking to the west side, to go to shul on Yom Kippur a few years ago. By coincidence, someone from the Canadian Jewish Congress had given a talk on anti-Semitism between the morning and afternoon services. The talk mentioned how Montreal’s Jews are ghettoized. “When was the last time any of you went as far east as St-Laurent?” he asked, “Let alone St-Denis?!” His point had been that the Jewish community needs to take on some of the responsibility in “building bridges” and because Jews don’t mix with Quebecois, many Quebecois propagate anti-Semitism purely because they have never met a Jew. I remember mentioning what I had faced during the question period. And, when I mentioned that I did in fact live east of St-Denis (the French side of town), the response I had been given was that I should move; that I wouldn’t face hatred in the Jewish neighbourhoods. Jewish ghettos aren’t the solution; they haven’t worked thus far as the reasonable accommodation debates, and the above statistics, have shown. Jews should acknowledge that there is an east side to the city of Montreal and that there’s an entire province off the Island of Montreal where people can, and have, gone their entire lives without meeting a Jew. Take your families and children for trips to small towns. Learn French. Get to know your Quebecois co-workers.
I really do believe that attitudes can turn around in Quebec. But it’s going to take a lot of work, forgiveness, and education on both sides for living conditions to improve in the belle provence.
good read. from what people have told me (and i can read from your post), there is some serious anti-semitism in montreal, though in my 2.5 years here, i’ve never experienced anything… (though it was strange meeting someone from gatineau who has never seen a jew before).
only slightly related, and more about trying to confirm some crazy numbers people have told me about the jewish population:
whats the total number of chasidim here?
and the total number of jews living in cote-st-luc??
This situation in Quebec is what the United States Jewish community can look forward to if the “continuity” camp’s dreams come true and every Jewish child goes to Jewish day school. Fortunately, the funding to make that possible will never happen.
AS –
According to the stats, “Jews reside throughout the island of Montreal. Cote St. Luc has the largest Jewish population, with 19,785, while Hampstead has the highest density, with Jews making up more than 74% of the total population.” (Based on the 2001 census.)
As for the number of Chasidim… That’s harder to answer. They comprise a great number of neighbourhoods/areas in/around Montreal (such as Outremont, Parc and Parc X, the North and South Shores, and Kiryat Tosh in Ste-Therese). Kiryat Tosh had over 1500 Jews in 2001. Outremont, Parc, and Parc X neighbourhoods are the fastest growth rates in Montreal, due to the large Chasidic populations there. … But even the above mentioned study doesn’t have any concrete numbers for Chasids apart from other Jews in those neighbourhoods.
BZ –
Thanks for pointing that out. The separate school systems here are definitely a part of the problem. Yes, I think it’s great that Montreal has such a high day school rate – but the downside is that it continues the separation of populations. If you send your kids to Jewish day schools, and you live in a Jewish neighbourhood, you need to make sure that your kids are meeting other types of people too (in after school classes, sports, lessons, whatever), in order for them to grow up to be full members of our multicultural societies.
Quebec Jews = a minority of a minority (for the most part). My wife is from a Montreal family, and I’ve always been stunned at the degree of insularity of the Montreal Jewish community.
I am a French Canadian, catholic background,(but not very religious)= Typical Québécoise. I lived for a summer in a Jewish family in Toronto (I was 16, babysitting their kids). I had a great time, it was an eye-opening experience. It was my first contact with Jewish people. They were not orthodox though.
In Montreal, I used to live in Outremont, where there are a lot of orthodox Jews and I worked part-time at a municipal sport center, where Jewish kids came to swim every day.
I remember finding it hard being their neighbours, seeing them regularly at the pool, but never having a real friendly contact with them. The thing is, I am curious, I consider myself open-minded, and I would love to understand more about their customs, their holidays, which I witnessed everyday but did not grasp.
I say the Jewish community has a lot to bring to Québec, and I agree that attitudes would evolve if there was more exchange and mutual understanding between communities.